Gestion de la santé en entreprise: de l’arrivée au départ du collaborateur

Dans une entreprise, le bien-être des collaborateurs est un facteur essentiel à la gestion des talents. C’est pourquoi un système de gestion de la santé en entreprise (GSE) est nécessaire. Nous nous sommes entretenus avec Samuel Maurer, co-dirigeant de lifetime health, sur l’importance et les défis de la GSE.

Mathias Steger : Qu’est-ce que la gestion de la santé en entreprise pour vous exactement?

Samuel Maurer : Pour moi, la GSE va au-delà de la simple distribution de fruits et l’installation de bureaux réglables. Elle intervient dès le recrutement de collaborateurs (en accueillant les futurs employés correctement et en s’intéressant à leurs besoins, par exemple), jusqu’à ce que ces derniers quittent l’entreprise. Entre-temps, la GSE doit jouer un rôle dans l’ensemble des processus et des décisions stratégiques, dans lesquels il est question de santé. L’idéal serait la disparition totale de la GSE. En effet, si tous les processus intervenant dans une entreprise visaient automatiquement la promotion de la santé, une approche à part ne serait plus nécessaire. Mais nous n’en sommes pas encore là.

portrait Samuel MaurerPourquoi un système de gestion de la santé en entreprise est-il nécessaire?

Les êtres humains restent le principal facteur permettant la création d’un service ou la fabrication d’un produit dans une entreprise. Il est donc indispensable que les collaborateurs soient en bonne santé et se sentent bien dans leur travail. Pour la plupart d’entre nous, le travail occupe une place non négligeable dans notre vie. Par conséquent, les collaborateurs doivent se sentir bien à leur poste. C’est là qu’intervient la GSE. Si les employés se sentent bien, l’entreprise en tirera le bénéfice car ils viendront volontiers au travail et livreront une meilleure performance.

Pour moi, la GSE va au-delà de la simple distribution de fruits et l’installation de bureaux réglables.

Quels sont, selon vous, les principaux facteurs de la santé au travail?

Pour moi, le plus important est que les collaborateurs se sentent bien dans leur activité. Pour cela, je me réfère volontiers à la théorie de l’auto-détermination de Deci & Ryan. Selon cette dernière, les êtres humains aspirent à trois éléments essentiels: l’autonomie, l’appartenance sociale et la compétence. Dans une entreprise, l’autonomie consiste pour les collaborateurs à participer aux processus et à prendre des décisions, afin de se réaliser. Pour l’appartenance sociale, le travail de groupe, la reconnaissance mutuelle et la culture d’entreprise jouent un rôle important. Quant aux compétences, elles se manifestent lorsque les employés à tous les niveaux hiérarchiques reçoivent des tâches qui correspondent à leurs capacités et qui encouragent les collaborateurs à les améliorer. Si tous les collaborateurs ont accès à ces trois facteurs, l’entreprise est sur la bonne voie.

Donc il ne s’agit pas uniquement de sport et d’alimentation?

Effectivement, même si cet avis est très répandu. Lors de mon premier contact avec les entreprises, je remarque très souvent qu’elles réduisent la GSE au sport et à l’alimentation. C’est un défi supplémentaire pour nous de venir à bout de ce préjugé.

Comment pouvez-vous influer sur la GSE d’une entreprise?

Nous soutenons les individus et les entreprises dans le processus de promotion de la santé à travers des formations continues s’adressant aux collaborateurs qui livrent un effort physique soutenu au travail, par exemple, ou aux managers et décideurs qui veulent mettre en place un système solide de GSE dans l’entreprise.

Avez-vous l’impression que les entreprises suisses se soucient suffisamment de la GSE?

Je trouve que les grandes entreprises sont mieux armées dans le domaine que les PME. Certainement parce qu’elles ont plus de ressources à disposition. De façon générale, je constate que la GSE n’est toujours pas intégrée aux décisions centrales et à l’ensemble de l’entreprise. Souvent, les entreprises agissent lorsqu’il est déjà trop tard. Les PME, en particulier, présentent un potentiel encore non exploité à ce niveau-là.

Comment appliquer une GSE dans une PME?

Un des facteurs centraux est l’engagement de la direction. Les décideurs doivent porter la GSE. Quelques outils suffisent pour mener à un bon résultat, en remaniant certains processus, en manifestant plus d’estime aux collaborateurs, en instaurant des pauses bénéfiques et en installant des lieux de repos sur le lieu de travail, par exemple.

Si les employés se sentent bien, l’entreprise en tirera le bénéfice car ils viendront volontiers au travail et livreront une meilleure performance.

La GSE peut-elle être utilisée pour la marque employeur et, si oui, de quelle manière?

Oui, avec des certificats, par exemple, comme le label Friendly Workspace, qui prouve que l’entreprise s’engage pour la promotion de la santé. Le label est toutefois coûteux et il s’adresse donc plutôt aux grandes entreprises. Je souhaiterais que la gestion de la santé prenne plus de place dans les certifications existantes. De cette façon, la GSE serait appliquée de façon plus étendue et communiquée à l’extérieur de l’entreprise. Cependant, il est important que cette culture, ou cet environnement favorisant la santé, soit réellement vécue. Si les collaborateurs se sentent bien, ils le diront à l’extérieur, et la marque employeur en bénéficiera.

En ce qui concerne la santé au travail, quelle est la fonction de l’employeur et celle de l’employé?

L’employeur est responsable de la santé de ses collaborateurs sur leur lieu de travail. La loi sur le travail prévoit un cadre juridique très clair à ce sujet. Toutefois, la promotion de la santé ne s’arrête pas là. L’employeur doit construire un cadre plus favorable pour que ses collaborateurs puissent s’épanouir et se sentir à l’aise en livrant leurs performances. Quant à l’employé, il doit apporter ses propres compétences en matière de santé et faire preuve de responsabilité. En effet, nombreuses sont les entreprises qui font des offres que les employés ne saisissent souvent pas.

Quels seront les défis de la GSE à l’avenir?

Selon moi, la flexibilisation des horaires de travail présenteront des défis majeurs. Les horaires flexibles sont certes utiles et modernes, mais cette flexibilisation ne doit pas se faire aux dépens de l’employé et il faut assurer des plages de repos. La question du genre et de l’égalité présente encore un grand potentiel d’amélioration, et ce jusqu’aux plus hauts niveaux hiérarchiques. Enfin, je vois un défi dans le fait que les collaborateurs travailleront plus à l’avenir. Il faudra donc pouvoir prévoir des phases de repos, ainsi que des phases de formation continue.

Codirigeant de lifetime health depuis près de 20 ans, Samuel Maurer est membre du conseil d’administration de BGMnetzwerk.ch et expert en formation à la santé et en gestion de la santé en entreprise. Il développe et intègre des concepts pour la promotion de la santé de tous les collaborateurs et leurs entreprises.

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