Découvrez régulièrement sur notre blog des articles écrits par des spécialistes et experts du monde des Ressources Humaines. Nous avons à coeur de donner à ces auteurs une totale liberté totale tant sur le choix des sujets que sur l’angle d’analyse. Découvrez ci-dessous l’article rédigé par Christoph Jordi, fondateur et CEO de DoD!fferent et auteur de la chronique fictionnelle mensuelle « Julie Martin ». Christoph Jordi enseigne également à l’Institut suisse pour l’économie d’entreprise.
Julie Martin est en recherche d’emploi. Après ses deux premières candidatures, elle a déjà participé à une fête de candidature extraordinaire et a décroché un entretien d’embauche. Celui-ci a lieu aujourd’hui.
« Veuillez amener vos chaussures de grimpe et porter des vêtements de sport », dit l’invitation à l’entretien d’embauche. Cela lui fait plaisir. Enfin un employeur qui précise ce qu’il faut mettre pour le premier entretien. Elle sait exactement ce qui l’attend : elle a mentionné sa passion pour l’escalade dans sa lettre de candidature au fabricant d’équipement d’alpinisme.
Lorsqu’elle arrive à l’entreprise, la responsable des RH l’emmène directement dans la salle d’escalade. Deux collaborateurs l’attendent et ont déjà tout préparé. Ils se présentent : il s’agit d’une deuxième collaboratrice RH et d’un collaborateur du département des finances qui s’appelle Jonas. « Le but n’est pas de vous faire transpirer ou relever des défis, mais pour une fois que nous avons la chance d’accueillir une fan d’escalade dans le Controlling, nous voulons voir ce que ça donne », dit la responsable RH. Jonas l’assure. Julie et elle s’approchent du mur ; il a l’air facile.
La deuxième collaboratrice RH commence à grimper juste à côté de Julie et lui dit : « Nous allons escalader le mur tranquillement et je vais vous poser quelques questions. » « Très bien, je ferai au mieux », répond Julie.
Après être montées quelques mètres, l’entretien débute avec une première question : « Pourquoi avez-vous eu confiance en Jonas pour vous assurer de manière correcte ? » Jonas entend la question et rigole. Julie s’arrête et répond : « Il m’a tout de suite tutoyée, et nous avons fait les nœuds ensemble. Nous avons vérifié la sécurité et tout était en ordre. Il m’a confirmé l’impression de professionnalisme que j’avais et je ne me suis pas posé plus de questions ».
« Cela semble sensé », dit la responsable RH, et elle monte plus haut. « Ne vous inquiétez pas, nous n’avons pas prévu de surprise choc ! Mais la prochaine question est un peu plus difficile : combien de cordes fixes y a-t-il sur la face nord de l’Eiger ? » Toute personne passionnée d’escalade connaît la face nord de l’Eiger, Julie y compris. Mais elle n’y a jamais été. Néanmoins, avec le peu d’informations en sa possession, elle essaie de trouver une réponse à cette question, sans papier, ni stylo, mais un peu de stress. Deux questions supplémentaires suivent, puis c’est terminé. Elles descendent en rappel, sous les applaudissements de Jonas et de l’autre collaboratrice RH. Julie reprend son souffle et on lui propose de l’eau et des barres énergétiques. Jonas lui pose encore quelques questions et lui donne des renseignements importants pour la suite du processus de recrutement. « D’autres questions ? » demande Jonas à la fin. La balle se trouve dans le camp de Julie, mais elle est au clair : « Pas d’autres questions. »
Il est facile d’écrire qu’on est passionné d’escalade lorsqu’on postule chez un fabriquant de matériel d’escalade, ou qu’on adore la technologie en postulant chez un fabricant de capteurs. L’entretien de Julie sortait de l’ordinaire et les questions étaient difficiles pour différentes raisons. Julie a dû prouver sa passion, sa réflexion logique, ses techniques d’argumentation, sa manière de traiter les chiffres, et son approche des problèmes compliqués. Les questions standards et vides de sens des entretiens habituels ont été laissées de côté. De plus, la situation de stress dans laquelle elle était a permis à la responsable RH d’évaluer rapidement la personnalité de Julie et Jonas a réussi à établir immédiatement une certaine relation de confiance avec elle.
Christoph Jordi est fondateur et CEO de DoD!fferent et auteur de la chronique fictionnelle mensuelle « Julie Martin ». DoD!fferent propose des conseils stratégiques et met l’accent sur la marque employeur. Christoph Jordi enseigne également à l’Institut suisse pour l’économie d’entreprise, où il s’occupe de la formation Cert. Employer Branding.
